Lire "De Plowecki, el médico por quien Gardel se llamó Romualdo" (en espagnol)
rineo LEGUISAMO, le célèbre jockey et ami intime de Carlos GARDEL, racontait: «Quand Gardel m'appelait ‘mono’ (singe), je lui répondais ‘Romualdo’, ce qui provoquait chez lui cette réaction: ‘Pulpo, me quieres reventar’ (familièrement : Poulpe, tu veux ma peau).
Pour comprendre cela, il faut revenir aux premières heures du Jeudi 11 décembre 1890, à l'HOSPICE GENERAL Saint JOSEPH de la GRAVE de TOULOUSE, quand Marie Berthe GARDES, jeune femme de 25 ans, donna naissance à un fils. Le nouveau né n'ayant pas de père officiel, ce fut Jenny BAZIN, 23 ans, en sa qualité de Maîtresse Sage Femme de l'Hospice qui déclara l'enfant à l'Etat Civil de TOULOUSE, en vertu du code NAPOLEON en vigueur en FRANCE depuis 1804.
Jenny BAZIN déclara aussi les 24 naissances
qui eurent lieu en ce mois de décembre 1890 à l'Hospice de la GRAVE, tous les
enfants étant nés de père inconnu.
HOSPICE de la GRAVE, SERVICE MEDICAL de la
MATERNITÉ:
Mr BONNEAU, Chirurgien
Mr CADÈNE,
Chirurgien
Mlle BAZIN Jenny
Mlle BARRÉ Germaine
Mlle RENALIER Eugénie.
Chef de service
Adjoint
Maîtresse Sage femme
Sous Maîtresse Sage femme
Sous Maîtresse sage femme adjointe
L'enfant étant né de père inconnu, ce fut la mère, Berthe GARDES, qui choisit de lui donner les prénoms CHARLES et ROMUALD.
La première trace de la naissance apparaît
dans le Registre des nouveaux nés de l'Hospice:
On peut lire dans la marge: N° 235 (235ème naissance de l'année 1890 de la maternité de l'Hospice).
Ensuite: Du 11 décembre 1890, Gardès Charles Romuald Fils de Père inconnu et de Gardès
Berthe âgée de 25 ans, Profession repasseuse, native de Toulouse, Département Haute Garonne domiciliée
rue du canon d'Arcole, 4 est né à
l'Hospice de la Grave le 11 Décembre 1890 à 2 heures du matin.
Certifié conforme aux déclarations de la mère,
Déclaré à l' Etat Civil le 11 décembre
1890. Signature: Henri Laurans.
En marge on trouve le numéro 2481: Il s'agit
du numéro de l'acte de naissance du registre de l' Etat Civil de TOULOUSE qui a
été reporté sur le registre de l'Hospice.
Berthe GARDES donnera les mêmes prénoms de
baptême au père BERTRAND, aumônier de l'Hospice.
CHOIX DES PRENOMS:
Le choix de CHARLES comme premier prénom
répond à une pratique familiale très courante à l'époque.
Les nouveaux nés portaient souvent le nom d'un
parent. Par exemple, Vital GARDES, le
père de Berthe GARDES porte le même prénom que son oncle né en 1782 et Jean
Marie GARDES, frère de Berthe GARDES a le même prénom que son grand père. Berthe GARDES a donné à son fils le même
prénom que son demi frère Carlos (En Français: Charles) CARICHOU, né au VENEZUELA en 1876. Et Carlos
CARICHOU portait le même prénom que son oncle Charles Antonin CARICHOU né à
TOULOUSE le 29 octobre 1843.
Le deuxième prénom ROMUALD, n'est pas celui
d'un parent, et il était très peu employé en FRANCE à cette époque. Le seul
indice que l'on possédait était une déclaration d'Adela DEFINO, qui avait
recueilli auprès de Berthe GARDES la confidence suivante: ROMUALD était le
prénom d'un médecin de l'Hospice de la GRAVE: Dans un article du journal ‘Crónica’ du 24 juin 1965, elle
expliquait que le prénom de Romuald fut donné «en hommage au médecin qui
assista Berthe GARDES à la maternité où la mémorable gorge fit résonner ses
premiers cris».
Hélas, jusqu'à maintenant les recherches au
niveau des médecins de l'Hospice n'avaient donné aucun résultat, et la tâche
semblait difficile dans une ville de 150 000 habitants comme TOULOUSE.
Cependant, grâce au progrès de la numérisation
et aussi beaucoup de temps consacré a des recherches sur internet, Ana TURÓN a
trouvé une personne qui pouvait correspondre: Il s'agissait d'un étudiant en
médecine habitant TOULOUSE et prénommé
ROMUALD de PLOWECKI. Il figurait avec sa famille dans le recensement de
TOULOUSE-SUD de 1891 au N° 23 de la Grande Allée, aujourd'hui allées Frédéric MISTRAL, en face du célèbre
Jardins des Plantes.
Voici ci-après, la fiche de recensement de
Romuald de PLOWECKI qui a permis de lancer les recherches.
LA FAMILLE de PLOWECKI
Les feuilles du recensement de TOULOUSE-SUD de 1891, au n°23 de la Grande allée, décrivent en détail la famille de PLOWECKI, qui est le ménage N°7
de cette maison.:
Cette famille se compose de 5 personnes :
de PLOWECKI Romuald 33 ans Pologne Russe Etudiant en médecine Chef
de PLOWECKI Constance 27 ans Pol. Russe Sans
profession Epouse
ROJECKA
de PLOWECKI Marie 4ans '' '' fille
de PLOWECKI Jeanne 2ans '' '' ''
de PLOWECKI Henri 5 jours '' '' fils
GESTA Anna 19 ans Française domestique domestique
BONNET Marie 19 ans '' '' ''
Le couple vit avec ses trois enfants et emploie deux domestiques. Il semble avoir une
existence aisée.
Ses trois enfants sont nés à TOULOUSE, et leur
acte de naissance va fournir d'intéressantes informations:
Maison située au N°23 des allées Frédéric
Mistral (précédemment: Grande allée) où habita Romuald de PLOWECKI et sa
famille en 1891.
Sur cet acte, Romuald de PLOWECKI, père de
l'enfant habite Place de Belfort, N°6, à TOULOUSE, et déclare être rentier.
L'acte indique qu'il a épousé Hélène Constance de ROJECKA à CRACOVIE
(AUTRICHE)*. Les témoins qui ont signés avec lui sont des étudiants en
médecine.
Romuald de PLOWECKI habite rue de la
brasserie, N°2 à TOULOUSE, et est étudiant en médecine.
Romuald de PLOWECKI et son épouse habitent au
N°23 de la Grande allée à TOULOUSE. Il est étudiant en médecine.
Pendant ses études à TOULOUSE, Romuald de
PLOWECKI a écrit deux ouvrages concernant la médecine. «LA GAZETTE DE TOULOUSE» a présenté dans
son numéro 18 du 2 mai 1891 son premier ouvrage écrit en collaboration avec le
Docteur MARTY. Il s'intitule: «Action du Salol contre l'odeur fétide dans le
cancer de l'utérus». Voici la reproduction de la Gazette:
GAZETTE des HOPITAUX DE TOULOUSE du 2 mai 1891, extrait de la page 142. |
Une deuxième annonce pour ce même ouvrage fut
faite dans la Bibliographie de France de 1891 présentée à la page suivante:
Ces publications indiquent que Romuald de
PLOWECKI est externe des hôpitaux de TOULOUSE.
En français, le mot externe s'applique à un
étudiant en médecine qui est en 4ème, 5ème ou 6ème année.
En FRANCE, les études durent généralement 6 à
7 ans, les premières années se passent à la Faculté de médecine et les
dernières à l'Hôpital.
A TOULOUSE, il n'y avait en 1890 que deux
Hôpitaux: L'Hôtel-Dieu Saint Jacques (560 lits) et l'Hospice de la GRAVE (900
lits). Ils sont tous deux situés sur la rive gauche de la Garonne, le premier
au pont neuf et le second près du pont suspendu ou pont Saint Pierre.
Ces recherches démontrent qu'en 1890, ROMUALD de PLOWECKI, était étudiant en médecine, et externe des hôpitaux
de TOULOUSE. De plus, ses travaux sur le cancer du col de l'utérus étaient
compatibles avec sa présence à l'Hospice de la GRAVE. Avec le fait qu'il soit le seul ROMUALD dans
le recensement de TOULOUSE, et que le nombre d'étudiants en médecine qui
occupent un poste d'externe dans un Hôpital est limité, on peut donc affirmer que le prénom ROMUALD
donné par Berthe GARDES à son fils provient bien de cette personne, ce qui
confirme les déclarations d'Adela DEFINO.
PARCOURS de ROMUALD de PLOWECKI
Déjà, les recherches sur TOULOUSE ont permis
de découvrir que Romuald de PLOWECKI était né dans une région de POLOGNE
administrée par la RUSSIE et qu'il s'était marié à CRACOVIE, ville sous
domination autrichienne. On peut
supposer qu'en plus du polonais, il devait parler le russe, l'allemand et le
français.
On retrouve sa trace pour la première fois en
FRANCE en 1885 à PARIS. Le journal «Le RAPPEL», dans son édition du mardi 2
juin 1885 cite son nom lors de l'hommage de la nation à son grand poète et défenseur
des libertés Victor HUGO décédé le 23 mai 1885 à PARIS.
«Profondément marqués par la perte
irréparable de l' illustre poète, les étudiants et étudiantes polonais de Paris
s'associent au deuil du monde civilisé.
Loin de vouloir oublier l'activité multiple de
son vaste génie, ils se souviennent surtout du précieux concours apporté par
son éloquente parole à la défense de leur cause nationale contre le despotisme
de l'envahisseur.
Ils adressent l'expression de leur profonde
admiration à la mémoire de celui qui fut ennemi déclaré de toute violence, de
toute injustice, et qui plaida toujours en faveur des faibles, de tous ceux qui
souffrent.
C'est
sa fidélité constante à ses propres paroles: « Je suis du côté des opprimés »
qui leur a suggéré l'idée d'inscrire sur la couronne qui sera portée par eux
sur la tombe de Victor HUGO:
«
Au défenseur des opprimés »
Au nom des étudiants et étudiantes
polonais à PARIS.
Délégués : …... Romuald PLOWECKI, étudiant en
médecine, 18 rue des fossés Saint Jacques....
Après cette lecture, on peut affirmer qu'après
leur mariage, les époux de PLOWECKI sont venus à PARIS, où Romuald a commencé
ses études de médecine. Ils les a poursuivies à TOULOUSE où il a été admis
comme externe des hôpitaux. La GAZETTE DES HÔPITAUX de TOULOUSE précise qu' un
externe recevait un salaire annuel de 600 francs.
Après avoir terminé ses études de médecine et
obtenu son Doctorat en 1891, Romuald de PLOWECKI s'installe dans un village de
l'Indre: AZAY le FÉRRON.
On retrouve sa trace dans le Guide ROSENWALD
de 1894 qui répertorie les médecins et pharmaciens de toute la FRANCE.
Les journaux locaux citent son nom à propos
d'accidents où de faits divers:
Le 31 mars1894 à AZAY le FERRON, la famille
s'agrandit par la naissance de son quatrième enfant: Louise Pauline Hermance
Marthe de PLOWECKI, dont voici l'acte de naissance :
On remarque sa signature au bas de l’acte: Dr De PLOWECKI
En 1895, son nom n'apparaît plus dans le guide
ROSENWALD et en 1896 un nouveau médecin le remplace à AZAY le FÉRRON. C'est le Docteur POREMBSKI qui a obtenu son
diplôme en 1892. Il s'agit vraisemblablement d'un confrère de même nationalité
et d'une succession préparée à l'avance.
En comparant les coupures de journaux datées
respectivement du 25 mai 1895 et du 4 mars 1896, et après vérifications à l'
Etat Civil d' AZAY le FÉRRON, on peut déduire que le Docteur De PLOWECKI et sa
famille ont quitté AZAY le FÉRRON entre ces deux dates.
L'indépendant du Blanc 25 mai 1895 - Mention du docteur de PLOWECKI
|
C'est à cette date que nous perdons la trace
du Docteur de PLOWECKI. Il peut avoir quitté son village pour prendre un poste plus important dans un hôpital ou une
grande ville française ou bien être rentré dans son pays d'origine. Quoi qu'il
en soit, c'est à ce docteur polonais que Carlos GARDEL doit son deuxième
prénom. Un prénom intime, qu'il ne
voulait pas dévoiler, et qui renfermait les rares moments de réconfort de cette
mère qui lui donna le jour seule, abandonnée et dans des conditions difficiles,
à cause d'un père absent, ne voulant pas assumer ses responsabilités.
«
Je suis du côté des opprimés »
Victor
HUGO.
Georges GALOPA - Ana TURÓN
ANDOLSHEIM
(FRANCE) - AZUL (ARGENTINE)
*Avant la guerre de 1914, la POLOGNE n'était plus un état et trois empires se partageaient son territoire. La RUSSIE, la PRUSSE, et l' AUTRICHE. La RUSSIE voulait intégrer la POLOGNE à son empire en interdisant la langue polonaise et en imposant le russe. De même, le clergé orthodoxe essayait de supplanter le catholicisme. La PRUSSE pratiquait une politique de germanisation. Seule l 'AUTRICHE avait une attitude moins sévère envers la population polonaise.