GARDEL et sa mère à bord du "Dom Pedro" (1893)
Gardel à bord de l'Infanta Isabel. Sa rencontre avec Enrico Caruso (1915)
Gardel à bord de l'Antonio Delfino (1923)
Gardel sur le "Conte Rosso" (1928-1929-1930-1931)
Les célèbres navires dénommés ‘‘Conte’’ étaient au nombre de cinq : Ils avaient pour nom ‘‘Conte Verde’’, ‘‘Conte Rosso’’, ‘‘Conte Biancamano’’, ‘‘Conte Grande’’, et ‘‘Conte di Savoia’’ (Gardel n’a pas voyagé sur ces deux derniers navires), tous baptisés en hommage à des membres de la famille de Savoie qui régnait sur l’Italie. Poursuivant cette tradition, la mise en chantier du ‘‘Conte Azzuro’’ fut annoncée en fin d’année 1929. Mais la dépression financière de cette même année empêcha sa concrétisation.
Construit en 1923, le ‘‘Conte Verde’’ portait le surnom d’Amédée VI de Savoie (1334-1383), pour qui la couleur verte était porteuse de chance.
Le "Conte Verde" |
La Coupe du Monde de Football, appelée ‘Coupe Jules Rimet’ |
Durant la deuxième guerre mondiale, le ‘‘Conte Verde’’ resta à quai dans le port chinois de Shanghai, avant d’être loué au Japon en 1942. En 1943, après la chute de Mussolini, le personnel italien sabota le navire qui, plus tard, fut remis en état par les japonais et rebaptisé ‘‘Kotobuki Maru’’ jusqu’à sa destruction en 1944 par l’aviation américaine.
Le ‘‘Conte Verde’’ était le navire jumeau du ‘‘Conte Rosso’’, ses caractéristiques techniques, les plans du navire, ses trajets et temps de parcours étaient identiques à ceux mentionnés lors d'un article antérieur.
En complément, voici une reproduction d’un document d’information remis aux passagers, sur lequel figurent les distances en milles nautiques entre chaque escale, (De Buenos Aires à Gênes on comptait un total de 6265 milles nautiques soit 11 602,78 kilomètres) avec dans la dernière table, les jours et heures de départ de Buenos Aires et d’arrivée à chaque escale, pour les six voyages accomplis par le navire en 1927. En cette même année, Gardel entreprit la première de ses trois traversées sur ce transatlantiaque.
Premier voyage :
Buenos Aires–Barcelone, 1927.
Le 26 octobre 1927 à 10h30, ce navire quitta le bassin nord du port de Buenos Aires emmenant à Barcelone, Gardel, et ses guitaristes Ricardo et Barbieri.
Parmi les amis qui vinrent le saluer à son départ se trouvait Eduardo « Chon » Pereyra, qui remémora ce moment par le premier tango inspiré par Gardel : "Y te fuiste a París (Et tu es allé à Paris)".
Par une pure coïncidence, le journaliste Edmundo « Pucho » Guibourg, son épouse Anita et son jeune fils, voyageaient à bord. Le journal portègne ‘‘Crítica’’ l’envoyait à Paris comme correspondant, en compagnie du dessinateur de presse Cristóbal Arteche. Ce dernier, surnommé ‘‘El Gallego’’[1] portait un béret qui était une source de plaisanteries et de commentaires de la part de Gardel et de Guibourg, lesquels, durant une promenade sur le pont du navire, le lui ôtèrent pour le jeter à la mer.
A bord du ‘‘Conte Verde’’, Gardel et ses guitaristes posent avec Guibourg (deuxième à partir de la droite, en veste de pyjama) et un groupe de passagers |
Gardel, qui voyageait en première classe, se rendait chaque jour dans la salle à manger de deuxième classe pour partager les moments d’après-repas avec la famille Guibourg et d’autres personnes voyageant sur le navire, parmi lesquelles se trouvait « un ténor italien aux pantalons d’un blanc immaculé auprès duquel on m’avait assis », selon le récit du fils de Guibourg – alors âgé de sept ans- qui ne se rappelait pas du nom de cette personne qui aurait conseillé à Gardel de se consacrer au ‘‘Bel Canto’’.
Comme prévu, après avoir parcouru 998 milles nautiques en 2 jours et 8 heures, le ‘‘Conte Verde’’ s’amarra dans le port de Santos, où débarquèrent 22 passagers. Les registres du port indiquent que le navire jaugeait 11526 tonneaux et que ses 426 membres d’équipage étaient sous le commandement du capitaine José Rizzi, que l’on mentionne aussi sous son véritable prénom : ‘‘Giuseppe’’.
Le 29 octobre 1927, après 205 milles nautiques de navigation, le navire atteignit l’escale suivante. « Lorsque nous arrivâmes à Rio de Janeiro, se rappelle Edmundo Guibourg, les naufragés du ‘‘Principessa Mafalda’’, qui venait de couler, commencèrent à affluer. Il fallait les rapatrier et le ‘‘Conte Verde’’ en recueillit beaucoup ».[2]
Le peu de temps que dura cette escale brésilienne (quatre heures environ) fut suffisant pour enrichir les anecdotes ‘‘gardélienes’’ : « A Rio de Janeiro, nous fûmes à deux doigts de rater le bateau dans lequel j’avais laissé ma femme et mon fils, relata Guibourg. Gardel avait décidé de faire un tour à Tijuca. Nous étions en taxi, un pneu éclata et il n’y avait pas de roue de secours. Nous voulions arrêter des gens qui passaient pour voir s’ils pouvaient nous emmener, mais on nous prenait pour des assaillants et personne ne s’arrêtait. Finalement, il se trouva un monsieur pour nous emmener et nous arrivâmes au bateau qui était sur le point de partir. Un coup de sifflet retentit et nous pûmes tout juste monter à bord… Nous avions même pensé à louer un remorqueur pour rattraper le bateau… Ce fut notre aventure brésilienne ».
Pendant le voyage, Gardel préparait de nouveaux thèmes pour son répertoire, parfois dans sa cabine, ou bien dans celle d’un de ses guitaristes. Dans ce cas, Ricardo et Barbieri ne portaient que leur pantalon et une chemisette, à cause des fortes températures tropicales, et buvaient du maté. Gardel répétait pendant des heures. Comme on peut le voir dans les films, il jouait de la guitare au début du thème, et il cessait de jouer dès qu’il commençait à chanter.
Le fils d’Edmundo Guibourg, qui assistait à ces séances privées, se souvenait spécialement des interprétations de « Fierro Chifle ‘Conjurer le mauvais sort’ » , « Te aconsejo que me olvides ‘Je te conseille de m’oublier’ » , « Misa de Once ‘Messe de onze heures’ » et « A la luz del Candil ‘A la lueur d’une bougie »’.
Certains témoignages attestent que Gardel chanta pendant la traditionnelle fête du passage de l’Équateur, bien qu’hélas, on n’ait conservé ni détails, ni photographies.
Le journaliste de ‘‘Crítica’’ -(c’est à dire Edmundo Guibourg)- se souvient de cet évènement : « En plein océan, j’ai convenu avec Gardel que nous parlerions au capitaine afin qu’il arrête le navire et toute l’activité de l’équipage et des passagers, y compris les naufragés du ‘‘Princepessa Mafalda’’ qui avaient été recueillis à Rio de Janeiro, lorsqu’on croiserait en mer le vapeur’’Avila’’. Et le ‘‘Conte Verde’’ stoppa ses machines au passage du bateau ramenant en Argentine la dépouille de l’écrivain Ricardo Güiraldes [3]. La multitude des gens qui étaient à bord lui rendit hommage dans un acte très émouvant. ».
L’auteur du roman « Don Segundo Sombra », à la gloire des gauchos d’Argentine, était décédé à Paris le 8 octobre et son cercueil fut embarqué à Boulogne-sur-Mer sur le vapeur « Avila », venant de Londres.
Bien que la publicité de la « Blue Star Line » annonçait que la traversée Londres-Buenos Aires requérait 14 jours de navigation, l’ ‘‘Avila’’ appareilla de la capitale de l’Angleterre le 26 octobre (le même jour que le ‘‘Conte Verde’’ de Buenos Aires), quelques heures ensuite, il fit escale à Boulogne-sur-Mer (où fut embarquée la dépouille de Güiraldes), puis Lisbonne, Madère (31 octobre), Saint Vincent et les Grenadines (aux Caraïbes), Rio de Janeiro, Santos (12 novembre), Montevideo et il arriva à Buenos Aires le 15 novembre, soit après 20 jours de voyage.
En suivant les informations précédemment mentionnées, nous pouvons en déduire que les deux bateaux se croisèrent en haute mer entre le 4 et le 6 novembre 1927.
Dans le planisphère suivant, nous avons marqué en rouge les ports de l’itinéraire du vapeur ‘‘Avila’’, et en vert ceux du ‘‘Conte Verde’’. Les trajets entre escales, selon les couleurs mentionnées, sont purement illustratifs, car nous ne connaissons pas les routes maritimes empruntées par chaque navire. En se basant sur le témoignage de Guibourg et en utilisant les formules élémentaires de physique (vitesse-temps-espace), nous pouvons retracer de façon approximative les routes que les bateaux durent prendre pour se croiser – (elles sont marquées en jaune) – et à quelle date a pu se produire l’évènement que relate Guigbourg.
Cet hommage atypique à la dépouille de Güiraldes - que Gardel avait connu peu de temps auparavant-, dut déclencher des commentaires que Guibourg n’a pas retranscrits, mais que l’adjectif "émouvant" peut aider à comprendre.
Le 9 novembre 1927, lors du débarquement de Barcelone, une grande malle appartenant à Guibourg et surmontée d’une cloche de rangement pour chapeaux attira l’attention de Gardel. « Mais c’est une maison ! », s’exclama le chanteur quand ‘‘Pucho’’[4] la lui offrit en ajoutant qu’elle lui serait utile pour ranger ses guitares, alors qu’en réalité il cherchait à se débarrasser de « cet engin si difficile à transporter ». « Ceci donna lieu qu’à chaque endroit où l’on manipulait la malle, il (Gardel) m’envoyait des cartes postales acerbes, car l’expédition et le personnel pour la transporter coûtaient une fortune….. Il regrettait beaucoup d’avoir accepté », s’achève en ces termes le récit du journaliste de ‘‘Critica’’.
Un autre passage du récit de Guibourg rapporte : « Nous arrivâmes en Espagne, à Barcelone. Lorsque nous descendîmes du bateau, la seule chose qu’on ne pouvait pas introduire en Espagne était le tabac. Gardel avait dans une poche extérieure de son sac un paquet de havanes que le douanier arracha. Mais, avec une grande rapidité, Gardel, reprit les trois cigares du paquet et se mit à les couper en morceaux, à les réduire en poudre et à les jeter à terre... 'Je ne les fumerai pas, mais vous non plus' , s’exclama-t-il. Nous découvrîmes, en outre, qu’ils avaient saisi des tas de paquets de cigarettes argentins qui ne pouvaient être introduits, et qui appartenaient aux joueurs du club de Boca, en tournée en Espagne.»
Au paragraphe précédent du récit de Guibourg apparaît un épisode qui fut ensuite repris par plusieurs auteurs : la visite de Gardel et de Guibourg au torero Juan Belmonte à l’infirmerie des arènes de Barcelone[5]. De récentes recherches, montrant une incohérence de dates ont rectifié ce fait.
Le 12 novembre 1927, Gardel passa sur les ondes de "Radio Catalana" et du 13 au 27 de ce mois, au théâtre "Principal Palace" de Barcelone. Pendant cette période, il reçut une lettre d’Horacio Pettorossi qui lui ouvrait les portes de Paris. Il partit ensuite pour Madrid où il réalisa une brillante série de représentations au théâtre Romea.
Son séjour en Europe se prolongea jusqu’au 1er juin 1928, jour où il embarqua sur le ‘‘Conte Rosso’’ pour retourner à Buenos Aires.
Deuxième voyage :
Buenos Aires – Barcelone, 1928
Le 12 septembre 1928, soit trois mois après être rentré en Argentine, Gardel revint sur le vieux continent pour honorer ses contrats artistiques et faire ses débuts au Théâtre Fémina de Paris.
Le ‘‘Conte Verde’’ largua les amarres et quitta le bassin nord à 0h15mn, emmenant Gardel et ses guitaristes Ricardo, Barbieri et Aguilar, son représentant en Europe: Luis Gaspar Pierotti et son chauffeur Antonio Sumage (surnommé « El Aviador »), car Gardel emmenait sa voiture (une Graham Paige) pour se déplacer plus facilement en France et en Espagne. Au petit groupe se greffa Rafael Ricardo, le frère cadet du guitariste qui venait de perdre sa mère et dont le jeune âge ne permettait pas qu’on le laissât seul. Devançant les craintes qui pouvaient être émises pour les frais occasionnés par sa présence, Gardel se pressa de répondre « Mais voyons,.. il faut toujours quelqu’un pour nous servir le maté » , (expression argentine pouvant être interprétée ainsi : ce jeune peut nous rendre de petits services). Il résulta de ce commentaire que le jeune s’intégra au groupe en réalisant des petites tâches qui lui évitèrent de se sentir à la charge des autres membres.
Au moment du départ, Gardel écrivit une dédicace pour le journal ‘‘Crítica’’, venu saluer son départ par la présence d’un correspondant :
« Le vapeur m’emmène vers la ville où règne Maurice Chevalier et comme ‘criollo’ (argentin authentique), je parts aujourd’hui pour conquérir ce pays ‘richard et cossu’[6] avec notre gotan [7] portègne.
A bientôt, mes ‘‘merveilleux amis’’ de ‘‘ma Buenos Aires adorée’’.
Pour ‘‘Crítica’’ à bord du Conte Verde. Carlitos Gardel. 12-9-28 »
Dédicace de Gardel aux lecteurs de ‘‘Crítica’’ |
Ce même jour, l’île de la Guadeloupe était dévastée par un des plus violents ouragans de son histoire, le Saint Philippe II (appelé aussi Okeechobee), de quatrième catégorie, qui causa de graves dommages et fit 1270 victimes.
La France entière se solidarisa et le gouvernement envoya de l’argent, des médecins, du matériel de secours et des aliments en même temps que commencèrent des campagnes pour recueillir des fonds.
Comme l’indique le rapport suivant de la police du port, le 14 septembre 1928, le ‘‘Conte Verde’’ atteignit Santos (Brésil) en 2 jours et 12 heures en comptant une escale d’environ 4 heures à Montevideo (Uruguay) . Giuseppe Rizzi commandait le navire et 35 passagers débarquèrent en terre brésilienne.
Le soir du 24 septembre 1928, Gardel dîna avec un groupe d’amis parmi lesquels se trouvaient le ténor Adamo Didur et Luis Gaspar Pierotti, selon les signatures relevées sur le menu de cette soirée (écrit en français). On peut noter que les signatures de ses guitaristes, pas plus que celles d’Antonio Sumaje, son chauffeur, ni de Marguerite Vignon, la fiancée du ténor, ne figurent sur ce menu.
Menu du ‘‘Conte Verde’’ portant la signature de Gardel |
Ce fut le second voyage que Gardel et Didur firent ensemble (ils étaient arrivés tous les deux à Buenos Aires le 12 juin à bord du ‘‘Conte Rosso’’ ). De cela, nous pouvons penser qu’ils se seraient fréquentés et liés d’amitié durant leur séjour à Buenos Aires, un point dont on ne sait pas grand-chose et qui mériterait d’être plus approfondi.
Le 26 septembre 1928, Gardel débarqua à Barcelone, et envoya dans la foulée un télégramme à l’impresario Paul Santolini (dit " Santo"), lui demandant que sa présentation à Paris soit réalisée au bénéfice des victimes de l’ouragan des Antilles Françaises. A l’évidence, ce thème l’avait préoccupé durant toute la traversée.
Le 28 septembre, le journal "Le Matin" publia le texte du télégrammme |
Deux jours plus tard, la presse catalane publiait :
« Le ‘‘Conte Verde’’ s’immobilisa. Il y avait peu de passagers en première classe. Parmi eux apparut en haut du pont le sourire éternel et jamais émoussé de Carlos Gardel (...) il circula à la périphérie de la ville, dans les larges rues du quartier de l’Ensanche, s’aventurant même dans les petites rues proches des Ramblas, et il parcourut les avenues, les parcs, les promenades, les jardins et les places. Il arriva ensuite à l’hôtel. En s’asseyant, il demanda son courrier et s’exclama :
-Il me semble que c’était hier.
Voilà comment Carlos Gardel entra à Barcelone. A présent, au deuxième jour, il vit la vie normale de celui qui a assimilé la ville, qui se considère comme un barcelonais, qui connaît les gens et offre par ses sourires et ses grâces un enchantement de jeunesse et de joie ».
Sans tarder, Gardel et son équipe se dirigèrent vers la France : Dans un premier temps Gardel rendit visite à sa famille toulousaine, puis ils continuèrent en direction de Paris où Gardel donna d’importantes représentations au Théâtre Fémina, au cabaret Florida, à l’Opéra, et au théâtre Empire, en alternance avec la Côte d’Azur et des séances d’enregistrements de disques. Il donna ensuite des représentations en Espagne, et le 31 mai 1929 entreprit le voyage de retour à bord du ‘‘Conte Rosso’’ , avec la contrariété due à la séparation de son guitariste José Ricardo et de son petit frère Rafaël.
Troisième voyage
:Villefranche-sur-Mer – Buenos Aires, 1931
En 1931, Gardel acheva sa tournée en France, et rentra en Argentine à bord du ‘‘Conte Verde’’.
Il était arrivé en France en décembre 1930, à bord du ‘‘Conte Rosso’’ pour honorer ses contrats au Théâtre Empire de Paris, contrats qui se prolongèrent ensuite à Nice et sur les plateaux de cinéma de la Paramount, où il tourna son premier film : « Luces de Buenos Aires » (Lumières de Buenos Aires) en mai 1931.
Le 4 août 1931, le journal « Última Hora » annonça que Gardel embarquerait le 6 août sur le ‘‘Conte Rosso’’. Mais comme Gardel était en France, il opta pour le ‘‘Conte Verde’’ qui appareilla de Villefranche-sur-Mer le 6 août et arriva à Buenos Aires le 21 du même mois.
Gloria Guzmán, sa partenaire du film mentionné plus tôt, monta à bord à l’escale de Barcelone, ce qui fit courir des rumeurs de liaison que l’actrice démentit des années plus tard. Elle évoque ainsi ses souvenirs : « J’ai pris un billet sur le ‘‘Conte Verde’’, et me trouvais avec Gardel qui retournait précipitamment à Buenos Aires à cause de la santé de sa mère ».
« Nous nous voyions les soirées. Gardel voyageait en deuxième classe et ne déjeunait pas. Il apparaissait à l’heure du souper et nous mangions ensemble avec d’autres dames. Après le repas, il nous racontait, avec sa grâce irrésistible, des histoires grivoises qui d’ailleurs ne scandalisaient pas ces dames si distinguées du 'Conte Verde’. Bien au contraire, c’était le moment attendu par toutes parce que Gardel avait une grâce unique. Il m’arrivait de m’étouffer de rire et un soir, j’ai même dû me retirer dans ma cabine ».
(On peut cependant émettre un doute sur cette déclaration disant que ‘Gardel voyageait en deuxième classe’).
Dans une autre interview, elle réitéra ses propos en développant ses souvenirs : « Il venait rendre visite à sa mère, qui était assez souffrante : Il m’a proposé de manger ensemble parce que, lui et moi, nous voyagions seuls. Il ne déjeunait pas, et ne sortait pas de la journée jusqu’à l’heure du repas. Ensuite nous restions à bavarder avec certaines familles jusqu’à presque onze heures ; Il disparaissait à cette heure là, et je ne sais pas ce qu’il faisait de la troisième partie de la journée »
Le terme « nous voyagions seuls » ne correspond pas exactement aux faits. Les personnes du casting du film « Luces de Buenos Aires », rentraient à Buenos Aires en plusieurs groupes. Sur ce bateau il y avait Noemí De Censo –qui faisait partie des « 16 beautés créoles »- et les guitaristes de Gardel.
Sur ce point, la liste des passagers reconstituée à partir des informations du CEMLA (Centre des Migrations Latino-Américaines) présentée ci-après mentionne le guitariste Guillermo Desiderio Barbieri, mais omet son collègue Ángel Domingo Riverol, qui, peu de temps après, participait à Buenos Aires à des enregistrements de Gardel sur disque.
Cette liste ne cite pas non plus Gloria Guzmán ni même les frères Juan et Mario Evaristo, des footballeurs renommés du club ‘Independiente’ qui avaient embarqué à Gênes. Le dernier cité se souvenait des années plus tard de ce voyage mémorable :
« Nous discutions beaucoup, et de bien des choses. C’était (Gardel) un passager de première classe qui se sentait plus à l’aise avec nous, qui voyagions en deuxième classe. Je me souviens parfaitement que ce garçon sensible blasphémait quand à l’heure du dîner il devait nous abandonner pour vêtir un smoking et se rendre à la salle à manger. ‘Cet habit me déplaît au plus haut point’ nous disait-il. Plus tard, il était à nouveau avec nous, sans smoking.
Sous les cieux sereins et sur les eaux tranquilles de l’océan, Carlitos Gardel nous racontait mille aventures. Il avait une mémoire prodigieuse. Aucun détail ne lui échappait, ni le jour, ni l’heure, ni les noms des protagonistes.
Mario Evaristo raconte : ‘On a beaucoup rapporté que Gardel était un gourmet, qu’il aimait manger beaucoup et de bonnes choses. De bonnes choses, oui, mais dans un repas frugal. ‘‘J’ai tendance à grossir’’, disait-il, ‘‘pour cela j’ai totalement supprimé le repas de midi’’.
Cela n’étonnera personne si les passagers de deuxième classe insistaient de façon inopportune pour que le ‘‘Zorzal criollo’’ leur offre une chanson. Cela devenait parfois abusif. Un soir, les guitaristes Barbieri et Riverol vinrent nous demander de ne pas insister pour le faire chanter avec autant d’assiduité. Je ne sais pas comment Gardel apprit cela, mais un soir, il vint à nous et nous dit : ‘j’ai appris les balivernes que mes gars vous ont raconté. Ne les écoutez pas. Ce sont mes grands amis, c’est bien clair, et ils croient me faire du bien de cette façon. Mais je chante quand je veux.
Que voulez vous que je chante ce soir ? Les demandes furent nombreuses, comme les chansons qui, l’une après l’autre, tout au long de cette nuit sereine, montèrent dans l’air, comme si leurs notes voulaient donner un baiser au ciel. Une fois encore, Carlitos Gardel fut extraordinaire.
Mario Evaristo continue son récit :
LA FÊTE DU PASSAGE DE
L’ÉQUATEUR :
‘Une nuit inoubliable que celle du passage de la ligne de l’Équateur’. ‘Gardel chanta, Gloria Guzmán chanta également, les artistes espagnols firent étalage de tout leur art. Tout était fête et éclats de rires. Comme nous voulions que cette nuit fut interminable, on la prolongea en dansant. Mais Carlitos préférait notre compagnie et vint nous retrouver avec Gloria Guzmán, et le spectacle se répéta’.
UN GRAND AMOUR
Dans la partie du navire réservée à la deuxième classe voyageait un jeune homme imberbe qui revenait à Buenos Aires. Ce bon portègne [8] était tombé éperdument amoureux de Gloria Guzmán. Il l’admirait de loin. Sa passion pour elle croissait et au passage du tropique elle devint volcanique. J’étais son confident.
Gloria ignorait l’existence même de cet admirateur discret. Lorsque cette nuit de fête arriva, il vint vers nous, conduit par Gardel, et me dit : ‘Je serais si heureux si je pouvais danser avec elle!’ Il s’éloigna dans un recoin du pont, et de là, timidement, contemplait la dame de ses rêves.
J’informais Carlitos de cette ‘tragédie amoureuse’ et ce dernier, assez remonté, me dit : il ne semble pas ‘portègne’, étant si timide’ et se trouvant face à Gloria, il dit ‘viens ici, ce compatriote voudrait danser quelques tangos’ .
Le jeune homme devint tout rouge, mais ……….. cette nuit fut heureuse».
Gardel avec les frères Evaristo sur le ‘‘Conte Verde’’, 1931 |
Le 17 août 1931, le quotidien du soir « A Noite » de Río de Janeiro, rapporta l’escale effectuée par le ‘‘Conte Verde’’ quelques heures auparavant par un article dans lequel le journaliste se souvenait des folles nuits de Buenos Aires. Il faisait référence à « Pepito » Gardel’ (« un de ses vieux amis de jeunesse »). Bien qu’il attribuait à Gardel le surnom de Razzano, il ressort que ce journaliste connaissait bien le duo ‘Gardel-Razzano’ d’autrefois.
Traduction de l’article de « A Noite » :
«GARDEL ET GLORIA GUSMAN (SIC) DE PASSAGE A RIO.
Le dernier tango du
célèbre chanteur portègne.
Notre rencontre avec ces deux vieux compagnons de la charmante cité portègne nous fait revivre les belles nuits des cabarets Palermo, el Porteño, el Armenonville, et tant d’autres centres de grandes veillées d’art de cette ville qui réunit la vie bohème de toute l’Argentine.
Gardel, et son sourire enchanteur, en retrouvant un de ses vieux amis, lui donna une formidable accolade et chanta son dernier tango, que Buenos Aires ne connaîssait pas encore, et que nous publions dans cet article.
'Je laisse à ‘A Noite’, nous dit Gardel, mon dernier et plus grand succès à Paris, le tango que je chanterai la nuit où le ‘‘Conte Verde’’ jettera l’ancre dans ma ville natale'.
Les paroles sont les suivantes :
(traduction du ‘Tango Anclao en París’(échoué à Paris).
Épuisé par une existence de bohémien errant,
Me voici, Buenos Aires, échoué à Paris,
écrasé de malheurs, soumis à des contraintes.
Je t’évoque depuis ce pays lointain.
Je contemple la neige qui tombe mollement
Depuis ma fenêtre donnant sur le boulevard
Les lumières rougeâtres, aux tons mourants,
ressemblent à des pupilles au regard étrange.
Lointaine Buenos Aires, que tu dois être belle !
Cela va faire dix ans que tu m’as vu partir
Ici, dans ce Montmartre, faubourg sentimental,
Je sens le souvenir enfoncer son poignard.
Comme ont dû changer ton avenue Corrientes,
les rues Suispacha, Esmeralda, et ton faubourg !
Quelqu’un m’a raconté que tu étais florissante,
Et qu’un ensemble de rues partait en diagonale.
Tu ne sais combien j’ai envie de te revoir
Ici, je suis planté, sans le sou, et sans espoir
Qui sait si un jour, la mort viendra me prendre
et... Adieu, Buenos Aires, je ne te reverrai plus.
Le journal ‘A NOITE’ , en publiant les paroles de mon dernier tango, fera un scoop que Buenos Aires [9] aurait aimé avoir. J’espère venir chanter à Rio cette année, peut être pour Noël. Comme vous le savez, j’ai signé un contrat avec la Paramount, et c’est seulement après avoir terminé ce contrat que je pourrai chanter pour ce public (brésilien) que j’aime et admire tant.
Après un salut ‘bien portègne’ Gardel et Gloria Guzmán descendirent du ‘Conte Verde’, et remontèrent l’avenue Rio Branco ».
Écouter "Anclao en Paris"
Le projet de Gardel de se présenter à Noël à Rio de Janeiro, laisse entendre qu’il ne pensait pas revenir aussi vite en Europe, comme cela se produisit en octobre 1931.
Cette hypothèse est renforcée par une annonce du même journal brésilien qui publiait le 1er septembre 1931 :
« TOUR DE CHANT DE
CARLOS GARDEL Á RIO »
Carlos Gardel, le chanteur bien connu des tangos d’Argentine, qui s’est produit à Paris, et se trouve actuellement à Buenos Aires, viendra à Rio de Janeiro le prochain mois d’octobre avec son orchestre typique.
Le chanteur bien connu des Pampas fera un court passage dans la capitale de notre République [10] durant lequel il donnera une série de représentations de musique régionale argentine.
Ces représentations n’eurent pas lieu, mais cette information – inconnue de la bibliographie ‘gardéliene’ - montre clairement qu’aussi bien Gardel que José Razzano, son représentant à l’époque, se souciaient de rechercher de nouvelles représentations.
Le 18 août 1931, toujours sous le commandement du capitaine Giuseppe Rizzi, le ‘‘Conte Verde’’ fit escale dans le port de Santos (Brésil) en provenance de « Gênes – Villefranche-sur-Mer et Barcelone ». Son équipage se composait de 398 personnes.
Le lendemain, le quotidien « Diario Nacional » de Santos, publiait la note suivante :
Des personnalités importantes de la politique, de la littérature et des
sciences à bord du ‘‘Conte Verde’’.
L’ auteur de « Shanghai », Gloria Guzmán, Leuritz Melchior et le Dr. Sánchez Sorondo en route pour Buenos Aires – Un évadé de l’ Île de Pâques de retour dans sa patrie.
SANTOS, 18 Octobre (Du correspondant de DIARIO NACIONAL).- Ce matin, à l’aube, le ‘‘Conte Verde’’ a fait son entrée dans le port, acheminant un nombre important de passagers répartis en trois classes, et dont beaucoup ont débarqué ici.
Parmi ceux-ci, voyageant en première classe, Monsieur Albert Reismann et son épouse Reina, provenant de Gênes; Erasmo Teixeira de Assumpçao, Madame Elvira de Lara Assumpçao, Theotonio et Ruy Assumpçao, provenants de Villefranche-sur-Mer.
En route pour le Rio de la Plata, le grand paquebot de la Lloyd Sabaudo emmène plusieurs personnalités importantes du théâtre, de la littérature, des sciences, et de la politique :
L’EX-MINISTRE DE L’ INTÉRIEUR DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE D’ARGENTINE
Le Dr. Matías Sánchez Sorondo, ex-ministre de l’intérieur du gouvernement du général Uriburu rentre à Buenos Aires après un long séjour en Europe. Il était accompagné par son fils, Guillermo Matías Sánchez, étudiant, venu l’attendre à Rio de Janeiro.
De l’avis de cet homme politique, et bien qu’il ne forme plus partie du gouvernement du dictateur, le général Uriburu est un dirigeant bien inspiré qui saura atteindre ses objectifs.
Les versions se référant à une Argentine où règnent la dictature et la tyrannie, et qui sont propagées à l’extérieur du pays, sont pour lui, inconsidérées.
L’ AUTEUR DE «
SHANGHAI »
L’écrivain espagnol Federico García Sanchez (SIC) se rend également à Buenos Aires pour donner des conférences au théâtre ‘Odeón’ . Pour ses premières interventions, il remplacera le poète et dramaturge Eduardo Marquina, qui, pour des raisons personnelles, a du retarder le voyage qu’il devait faire dans la capitale argentine.
García Sanchiz est bien connu à Buenos Aires. Il y a environ quatre ans, il a visité l’Argentine [11], se consacrant alors à une étude profonde de sa physionomie, aux aspects poétiques du pays, aux beautés de sa nature et aux particularités de ses habitants.
Par la suite, il a présenté le fruit complet de ses observations lors de conférences dans un langage simple, plaisant et assez fidèle au contexte développé.
Cet écrivain, qui se distingue par ses tournures bien spécifiques dans l’art oratoire est l’auteur de « Shanghai », un livre qui obtint un grand succès dans tous les pays latins.
DEUX ARTISTES
ARGENTINS DU SPECTACLE
Sofía Bozán, Gloria Guzmán et Carlos Gardel furent les figures principales de la ‘‘Compañía de Revistas Argentinas’’ qui s’est présentée, il y a près d’un an, dans les théâtres espagnols et au ‘‘Palace’’ de Paris. Après avoir terminé sa prestation dans la capitale française, où elle obtint un grand succès, Sofía est déjà rentrée en Argentine, comme nous l’avions annoncé dans nos éditions précédentes.
Gloria y Carlos voguent actuellement sur le ‘‘Conte Verde’’. Ils rentrent au pays après avoir participé à des films en langue espagnole dont le tournage a été réalisé aux studios Paramount de Joinville.
Les performances de Gloria Guzmán et de Carlos Gardel devant les caméras cinématographiques furent toujours à la hauteur de leurs dons artistiques, Gloria fut la révélation du film « Un caballero de frac » en version espagnole, et Gardel, causa la meilleure impression à Paris, dans le rôle qu’il interpréta dans « Luces de Buenos Aires », un des films cités [12].
A propos de la ‘vedette portègne’ - (Gloria Guzmán, dans ce cas) - nous pouvons dire que, bien qu’elle ait conquis Paris, elle ne s’est pas laissée conquérir par cette capitale, pas plus que par les propositions alléchantes venant de New York et de Londres. Pour cette raison, elle retourne sur la terre de ses débuts, car elle a déclaré qu’elle préfèrait sa « Plaza de Mayo [13] » à la Place de la Concorde.
CHANTEURS LYRIQUES EN
ROUTE POUR L’OPÉRA DE BUENOS AIRES
Parmi d’autres artistes lyriques présents à bord du bateau italien, on note le ténor danois Lauritz Melchior et la soprano argentine Luisa Bertana.
Ces deux représentants de l’art vocal prendront part aux représentations du célèbre Théâtre Colón.
SCIENTIFIQUES
ITALIENS
Les professeurs italiens Arthur Castiglioni, Mario Donatti et Giovanni Ollino se rendent aux journées médicales de Buenos Aires. Le premier nommé occupe la chaire d’Histoire de la Médecine à la Faculté de Médecine de Rome et le deuxième, en plus d’être un grand chirurgien, est un spécialiste du traitement du cancer. En marge de leur mission, ils étudieront le développement de la médecine en Amérique du Sud, en fonction des conférences qu’ils donneront en Argentine et au Brésil.
RETOUR AU CHILI D’
UNE VICTIME DE LA DICTATURE DU GÉNÉRAL IBÁÑEZ
En deuxième classe du ‘Conte Verde’’, rentre au pays un des plus importants personnages de la scène politique chilienne, qui fut une des victimes de la dictature du Général Carlos Ibáñez.
Il s’agit du Dr. Carlos Vicuña Fuentes, professeur à l’ Université de Santiago, très connu pour ses écrits, et pour sa fantastique fuite de l’île de Pâques en février dernier.
Le Dr. Vicuña Fuentes, qui vient partager la joie de ses compatriotes à la fin de la dictature, a été interrogé sur la rumeur de sa candidature à la présidence du Chili, et l’a catégoriquement démentie.
Le 21 août 1931, à deux heures du matin, le ‘‘Conte Verde’’ s’amarra à Buenos Aires, après son escale habituelle à Montevideo où José Razanno et l’impresario Augusto Álvarez étaient venus attendre Gardel.
Bon nombre de journalistes étaient présents pour accueillir Gardel, et parmi eux celui de « La Razón » qui publia un long article dont nous extrayons les lignes suivantes :
« LES IMPRESSIONS AU
PETIT MATIN DE CHANTEURS, CHANTEUSES, ET D’ARTISTES LYRIQUES. »
Les familles agitent des mouchoirs, les politiques applaudissent et crient victoire, et les admirateurs appellent par leurs prénoms les stars de la chanson sur la passerelle : Gloria Guzmán et Carlos Gardel.
Nous allons à leur rencontre :
Carlos Gardel
Carlos Gardel est accompagné par Augusto Álvarez, l’impresario du ciné-théâtre Broadway. Monsieur Álvarez s’est empressé de le recevoir à Montevideo. Son but était facile à prévoir : lui faire signer un contrat ».
D’autre part, on peut lire dans le journal ‘‘Jornada’’ : «Le public échange des applaudissements et des salutations avec Gardel. Lui aussi est impatient de descendre à terre pour voir et ressentir ces heures paisibles qui règnent sur Buenos Aires (…) A Montevideo l’attendait un certain Monsieur Álvarez, du ‘Broadway’(…) Mais maintenant il n’est plus possible de continuer notre travail, car un groupe d’amis l’emmène. Parmi eux il y a Razzano, l’ami de toujours qui l’accompagne depuis Montevideo »
Entouré de ses amis, Gardel se rendit immédiatement à son domicile de la rue Jean Jaurès, tout désireux de retrouver sa mère, Doña Berta. Nous n’avons pas obtenu d’information qui compléterait ce qu’a dit Gloria Guzmán au sujet de l’état de santé de Doña Berta, mais les faits semblent indiquer que ce n’était pas bien grave.
Quelques moments après du débarquement, Gardel posa avec Gloria Guzmán et Augusto Álvarez à sa maison, 735 rue Jean Jaurès |
Pendant les deux mois que Gardel resta à Buenos Aires, il chanta dans plusieurs théâtres, et retrouva le musicien franco-arménien Kalikian Gregor, qui, à Paris, l’avait accompagné lors des enregistrements sur disque des chansons en français ‘Déjà’, ‘Folie’, ‘Madame, c’est vous’ et ‘Je te dirai’.
Le 28 octobre 1931, Gardel embarqua à nouveau sur le ‘‘Conte Rosso’’, cette fois pour prendre du repos, connaître de nouveaux pays et concrétiser des projets qui s’orientèrent vers une association avec Alfredo Le Pera, marquant ainsi un pas important dans l’histoire du Tango et de la cinématographie argentine.
Ana Turón
Azul (Argentine), le 27 décembre 2021
Collaboration et traduction : Georges GALOPA
Sources consultées :
LIVRES :
GARCÍA JIMÉNEZ, Francisco : Vida de Carlos Gardel contada por José Razzano. (Bs. As., 1946)
GOBELLO, José Letras de Tango. Selección (1897-1981). Centro Editor, 1997
GUIBOURG, Edmundo. Al pasar por el tiempo. Memorias contadas a Marcelo Bonnín. Fundación Banco de la Provincia de Buenos Aires, 1985.
MORENA, Miguel Ángel : Historia Artística de Carlos Gardel. Estudio Cronológico. Edición Definitiva (Corregidor, 2008)
MONCALVILLO, Mona : El último bohemio. Conversaciones con Edmundo Guibourg. Ed. Celtia, 1983
PELUSO, Hamlet – VISCONTI, Eduardo. Carlos Gardel y la Prensa Mundial. (Corregidor, 1991)
PELUSO Hamlet – VISCONTI, Eduardo. Carlos Gardel y la Prensa después de su muerte. (Corregidor, 2014)
THOMAS, Vincent. El Gardel que yo conocí.
REVUES
AQUÍ ESTÁ ! Juin 1949
Revue "Goles Goles", septembre 1946
INTERNET
Les Bateaux deGardel (en espagnol)
Bibliothèque Digitale de la Presse brésilienne.
Bibliothèque Digitale de la Presse espagnole.
Gardel au Théâtre Fémina de París
YOUTUBE: Tango et folklore argentin
"Gardel, artista y empresario" (Carlos Taboada)
[1] El Gallego : en Français ‘‘Le Galicien’’- surnom donné en Argentine à un immigré espagnol.
[2] Le ‘‘Pricipessa Mafalda’’ effectuait son dernier voyage entre Gênes et l’Amériqe du Sud, (il devait ensuite être affecté sur d’autres lignes), et le 25 octobre 1927, il fit naufrage au large des côtes du Brésil avec à son bord 1208 passagers. Gardel avait voyagé sur ce navire deux ans auparavent, et cette nouvelle avait du particulèrement l’impressioner.
[3] Ricardo Güiraldes : Romancier et poëte argentin, figure iconique de la littérature argentine.
[4] Pucho : surnom d’Edmundo Guibourg.
[5] Appelées ‘Monumental’- aujourd’hui ces arènes n’ont plus d’activité tauromachique.
[6] En lunfardo, l’argot de Buenos Aires : ‘bacan y copero’
[7] Gotan : tango en verlan
[8] Portègne : nom signifiant ‘habitant de Buenos Aires’
[9] Enrique Cadícamo écrivit les vers d’ “Anclao en París” à Barcelone et les envoya par courrier à Guillermo Barbieri, qui en composa la musique, alors qu’il se trouvait à Nice, en compagnie de Gardel. Ce tango fut enregistré sur disque à París le 28 mai 1931 et il n’était pas encore connu en Argentine au moment où Gardel voyageait sur le ‘Conte Verde’
[10] Rio de Janeiro fut capitale du Brésil jusqu ‘en 1960, année où Brasilia fut officiellement désignée comme la nouvelle capitale du pays.
[11] A : L’article cite Buenos Aires par la périphrase ‘La gran república del Plata’.
B : Cette visite antérieure de García Sanchiz explique que Razzano a mal indiqué l’année où a été prise la photo de Gardel avec García Sanchiz sur le ‘‘Conte Rosso’’
[12] Le journaliste ignorait la participation de Gloria Guzmán dans “Luces de Buenos Aires”, qui n’était pas encore sorti au Brésil.
[13] La Plaza de Mayo est la place centrale de Buenos Aires, où se trouve la Casa Rosada, siège de la Presidence de la République Argentine